Dyade de maître - disciple

Chaque personne, si elle le souhaite sincèrement, peut s'engager plus profondément dans la pratique bouddhique, la tradition zen et ainsi entrer dans une relation maitre-disciple. Pour cela, il est possible de demander à recevoir la prise de refuge (jukaï) dans les trois Joyaux et ainsi rentrer en relation avec le Bouddha-Dharma.


Points d'engagement

Pour qu'il y ait une dyade maitre-disciple qui puisse s'instaurer, il y a 5 points de vigilance à appréhender et comprendre pour tout pratiquant(e) : 

 

1) Le disciple devra s'annoncer explicitement comme disciple ; 

2) Dans la mesure du possible, il est souhaitable de venir régulièrement aux séances/sesshin, zazenkaï organisées par l'ABZMD ; 

3) S'il n'est pas déjà ordonné par un autre enseignant, il sera possible de demander la prise de refuge ( jukaï )à Taïun Sensei ; si le pratiquant à reçu l'ordination avec un autre maitre, le pratiquant doit être au clair avec sa propre relation de maitre à disciple ; 

4) Il est conseillé d'avoir une certaine cohérence entre la pratique, l'attitude et l'enseignement dispensé ; 

5) Enfin, Taïun Sensei est en mesure de refuser une demande. 

 

Insistons sur un point important : il ressort de ce qui précède que tout pratiquant peut venir au centre sans craindre de se trouver enrôlé dans une relation maitre-disciple qu'il ne souhaite pas.

 

Le point 1 du Gakudōyōjin shū de maître Dōgen parle de l'esprit d'éveil comme point de départ quant à l'attitude approprié à l'étude de la Voie. Taïun Sensei exprime à ce sujet : « Il est dit que l'esprit d'éveil ne peut être cantonné à une seule expression vivante, mais qu'il définit pour autant une réalité incroyablement subtile et dynamique. L'esprit d'éveil constitue la porte d’entrée du Mahayana pour les personnes qui désirent la libération de dukkha. La compassion, la sagesse, la délicatesse ! C’est le fondement même de la Voie bouddhique. C'est en se libérant de l'appropriation que l'on peut acquérir une vue claire de nos appropriations et de toutes nos quêtes identitaires souvent violentes. 


Ainsi, toute relation, y compris dharmique, présuppose une intention. Cela se réalise dans un cœur qui a perçu et qui est vigilant à cette démarche. La relation ne peut alors s’imposer par la volonté, mais lorsque, celui qui cherche rencontre l’autre qui accueille. Par exemple, le maître reconnaît celui qui manifeste l’état d’esprit approprié à l’étude de la Voie ainsi que la force de la responsabilité qu’il lui incombera sur le chemin. 

Dans une rencontre, deux personnes, un esprit, c’est ainsi que s’il y a un choix, ce n’est pas uniquement l’élève qui choisit, mais l’enseignant qui accepte ou pas en fonction d’un contexte. Alors ainsi, même s’il y a demande, les rôles sont clairs et ne seront pas inversés. Sinon, dès le départ, la relation est biaisé. Cet esprit d’éveil est la résonance de deux cœurs sincères qui se retrouvent pour cheminer. Aucun jeu ou enjeu relationnel dans la rencontre de disciple à maître. 


le disciple et la rencontre…

 

Tout pratiquant(e) du zen débutant(e) ou même confirmé se questionne sur sa capacité "d'être disciple".  C'est-à-dire qu'il va devoir se confronter à ce que cela implique et sur sa propre capacité de suivre un maitre et de sincèrement s'engager dans la pratique de la Voie auprès de lui. 


Cette rencontre repose finalement sur la confiance qui doit prévaloir entre le maitre et le disciple, Ainsi, si la rencontre s'établit, le disciple prend conscience qu'il rentre en relation avec l'enseignement lui même.  Cet enseignement n’est pas là pour offrir une vérité éternelle, mais l’enseignement du maitre est fait pour créer un effet, ici et maintenant, dans l’esprit du disciple. Ainsi, ayant conscience que l’esprit peut s’attacher à l’idée d’une vérité éternelle, il sera très difficile d’aborder les histoires d’enseignements bourrées de contradictions, et qu’une même question peut amener à dix milles réponses du maitre emmènera à beaucoup d’inconforts.

On dit souvent qu’on ne cherche pas le maitre, souvent on dit qu’il arrive quand on est prêt. Mais cela pose la question de disciple : le pivot de ce questionnement serait en fait la capacité de percevoir le maitre à travers l’acceptation d’être celui qui n’a pas la référence, accepter d’être disciple. L’enseignement s’exprime à travers l’enseignement du maitre, car la pratique du disciple est chaotique au début, elle est difficile mais la ténacité, l’endurance, la non-préoccupation du verbe du maitre est ce qui fait cette authenticité, de cette transmission libre, de cette forme aujourd’hui présente. Quand on comprend cela, on arrête d’être dans un conflit d’être supérieur l’un à l’autre, car on entend que cela n’appartient à personne, cela traverse, c’est tout. Car finalement, le terme de maitre correspond à celui d'ami de bien, celui qui accompagne, oriente et permet à tout à chacun qui pratique d'être sa propre lumière.


Zenki


 

" Le vivant délicat et subtil n’est ni horizontal ni vertical, lorsque nous parvenons à rentrer intimement en relation, l’artificialité de postures telles que verticalité ou horizontalité s’éteint avant même d’être née. "


Taïun Sensei.