· 

Causerie de Taïun Sensei : quelques mots sur le Satipatthana Sutta

 

Causerie : quelques mots...

 

Tout d'abord, veilliez à de ne pas enfermer ce discours dans la case technique d'attention ou autre méthode de développement. Ce sutta considéré comme un véritable monument dans la tradition des anciens mérite un peu plus de respect que de le ranger dans la grossière case « avantages et profits ». Ici, il est plus tôt question d’une présence au monde. Pour cela, permettez-moi d’emprunter les paroles de maître Dōgen dans le chapitre Baïka du Shōbōgenzō : « C’est quand voir et entendre veut dire s’ouvrir au monde, percevoir toute chose d’un regard neuf pour la première fois comme si jamais personne ne les avez vu jusqu’à présent. » Le corps dans le corps, la sensation dans la sensation, l’esprit dans l’esprit, et les dhammas dans les dhammas. Ne rien rajouter à l’expérience, peu importe celle-ci.

 

Ensuite, permettez-moi d’apporter un modique éclairage à une incompréhension malheureusement très répandue : nous ne sommes pas forcément obligés de faire preuve d’injonction et de crispation pour être finalement là, et manifester cette présence vivante. « Sati » ne rime pas avec injonction ! S’il vous plait, observez à quel point la plupart de nos injonctions égotiques nous maintiennent dans la crispation et contribue de se fait a renforcer l‘emprise égotique.

 

« Sati » est l’art subtil et délicat de la lumière silencieuse. Silencieuse et délicate, elle ne trouble rien. Elle se manifeste toujours là où vous êtes. Elle ne se fabrique pas à grand renfort d’artifice séduisant. Donc, ne vous y trompez pas, ce discours ne nous invite pas à développer ou à étiqueter quoi que ce soit.

 

Les paroles du vieux moine ne font que pointer du doigt l’espace silencieux, celui de l’absence de toute fabrication personnelle. Finalement, rien ne nous appartient. Vous pouvez l’appeler « moi » ou « je », ou encore « égo », peu importe.

Certes, la pédagogie de ce sutta est de saveur indienne, il y a beaucoup de répétitions dans la structure du texte, et cela facilite la mémorisation. Au premier abord, ce discours peut paraître très compliqué, mais en vérité, il est d'une simplicité déconcertante, tout dépend de la manière dont vous allez aborder. Prenez le temps.

 

De même, il n'est pas nécessaire d'aborder le Satipatthana chapitre après chapitre, et donc d'une façon linéaire. Le discours du vieux moine est suffisamment généreux et complet pour offrir à chacun et cela aussi en fonction de là où vous êtes. Alors s’il vous plait, laissez-vous enseigner et apprenez à lire entre les lignes, laissez infuser les paroles du vieux moine, laissez-faire, laissez-vous enseigner malgré la lassitude...

 

D'ailleurs, la lassitude est un bon indicateur interne, que recherchez-vous de stimulant, de nouveau, de simple, d’extraordinaire, que cherchez-vous aussi à éviter, à dénier, à esquiver, à contourner, ou quoi que ce soit d'autre ?

 

Le point de départ concret de ce sutta serait donc le questionnement :

que ressentez-vous réellement ? Que ressentez- vous lorsque vous respirez, par exemple ?

Pour explorer notre intimité nous devons nous ouvrir à toutes les subtilités de nos sensations et être à l’écoute de ce que nous sommes en surface comme en profondeur, sans non plus se perdre dans ce qui est examiné là. Alors, nous pourrions considérer alors « sati » comme une écoute attentive et délicate. « Ainsi ai-je entendu », ici et aujourd’hui, à cet instant.

 

Taïun